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Un homme qui a chassé un cerf de Virginie.

Assis confortablement dans un des sièges du Boeing 737 qui fait office de taxi, j’ai peine à croire que dans quelques minutes, je foulerai le sol de l’un des plus beaux joyaux du Québec, l’île d’Anticosti. J’en rêvais depuis mon tout jeune âge, mais il a fallu que j’atteigne mes 45 ans pour que ce souhait enfoui tout au fond de moi se réalise finalement.

Vers 10 h 30, notre avion atterrit à Anticosti.


 

Au pays des merveilles

Chemin faisant, le charme de l’île commence à opérer. La rencontre de mes premiers cerfs est magique, tout comme l’observation de quelques renards à la queue bien touffue et aux couleurs exceptionnelles. Je suis réellement émerveillé par les renards argentés ! Quel bel animal ! Pour couronner le tout, voilà les premières rivières de l’île réputées pour leur eau cristalline. Incroyable de constater combien la nature peut être belle lorsque l’homme ne l’a pas altérée…

Que commence la chasse !

Je ne vous le cacherai pas, le premier matin de chasse, j’avais mis la barre haut. Pas question de récolter un cerf arborant un panache de moins de huit pointes ! J’arpente un premier sentier et je m’entends avec mon partenaire sur une heure et un lieu de rendez-vous. À peine quelques minutes plus tard, je croise mes premiers cerfs, une belle femelle et son rejeton se déplaçant à quelques mètres de moi. Le spectacle est captivant et je réalise ma chance de pouvoir y assister dans un endroit aussi sauvage et unique. Les rencontres se succèdent et j’aperçois une douzaine de cerfs pendant cette première journée, dont un au panache de quatre pointes et un de six pointes que je laisse filer. Le temps que je viens de passer à côtoyer ces animaux m’a permis de faire mon apprentissage et de pouvoir les discerner rapidement dans cet environnement. Le premier buck qui répondra à mes critères n’a qu’à bien se tenir.

Rencontre fatidique

Au début de ma troisième journée de chasse, je croise enfin un cerf qui me convient. Il est à environ 60 m de moi et ne semble pas m’avoir vu. Je prends le temps de bien m’appuyer sur une vieille souche avant d’effectuer mon tir. Puis, la détonation se fait entendre, mais le chevreuil semble avoir disparu comme par magie. Soudainement, après quelques secondes, j’entends ce que je crois être un cerf se débattant dans la végétation avant de rendre l’âme. Certain d’avoir fait mouche, j’attends les quelques minutes nécessaires avant de partir à la recherche de mon mâle.

Arrivé à l’endroit où se tenait le cerf, je ne trouve aucune trace de sang et aucun poil qui confirmeraient que j’ai bel et bien touché l’animal. J’entreprends les recherches méthodiquement, en quadrillant chaque parcelle de territoire, mais rien n’y fait… Après deux heures de recherche, je retourne, penaud, au point de rencontre pour demander du renfort à mon partenaire de chasse. Je lui explique toute l’histoire et nous décidons de retourner à l’endroit où la bête a été tirée, dans l’espoir de trouver un petit indice. Malgré notre expérience, nous ne trouvons rien.

Quand j’explique à mon partenaire de chasse le bruit que j’ai entendu après le coup de feu, celui-ci avance que le chevreuil a probablement traversé la rivière située quelque 50 m derrière. J’ai peine à croire à cette théorie, mais puisque nous n’avons rien à perdre, nous décidons de traverser la rivière et d’aller jeter un coup d’œil de l’autre côté. Un peu découragé, je marche derrière lui lorsque je l’entends dire : « Tiens, mon Louis, y’est ici ton chevreuil ! »

La joie autant que le soulagement m’envahissent instantanément. Touché au bas du cœur, ce chevreuil avait effectivement traversé la rivière après mon coup de feu, et nous avons finalement trouvé la première et seule goutte de sang à quelques mètres d’où il s’était effondré. Il s’agit d’un beau mâle arborant un panache de huit pointes, d’une largeur de 18 ½ po et pesant près de 170 lb éviscéré. Pour Anticosti, c’est un très beau trophée et j’en suis bien fier.

Mis à part les cerfs que j’ai pu observer quotidiennement, j’ai vraiment été émerveillé par la beauté de cette nature sauvage. Le plus beau souvenir de ce voyage demeure sans équivoque lorsque mon partenaire de chasse et moi avons transporté mon beau buck en marchant dans cette petite rivière cristalline. Comme je le disais, si le paradis existe, j’y étais cette journée-là.

Rédigé par Louis Turbide