Mes premières expériences de chasse furent avec mon père, alors que j’avais 14 ans. Je le suivais avec mon arc, alors qu’il traquait les ours dans la région de Rouyn-Noranda. Puis, après quelques années, je poursuivis mes propres expériences sans lui. Je chassais également le chevreuil à cette époque, mais mon coup de cœur restait la chasse à l’ours. Et c’est en pourvoirie que j’acquis plus d’autonomie. Avec des amis, nous faisions notre voyage annuel de chasse à l’ours.
J’aimais faire ces expéditions, car outre le plaisir de se retrouver entre amis, j’apprenais beaucoup des guides qui s’occupaient des sites de chasse. Je leur posais toujours de nombreuses de questions et j’observais attentivement leurs méthodes, de l’appâtage au plumage. Ces hommes des bois qui comprenaient les ours me fascinaient.
J’appréciais chasser l’ours en pourvoirie, car étant aux études, je n’avais pas le temps d’aller appâter mes propres sites aux deux ou trois jours. Et honnêtement, je n’avais pas tout à fait les connaissances non plus pour trouver des sites propices et m’en occuper seule ! Ainsi, avec mes amis, nous étions pratiquement certains de voir des ours, et cela augmentait nos chances d’en récolter. Je me faisais un devoir d’alterner, chaque année, l’arme utilisée, soit l’arc ou l’arme à chargement par la bouche. Cet intermède printanier en pleine nature me faisait patienter plus volontiers jusqu’à la chasse automnale.
Ma dernière récolte d’ours dans une pourvoirie remonte maintenant à quelques années. Nous étions dans une pourvoirie dans la région de l’Abitibi, pour le tournage d’une émission de chasse. Le guide avait mis beaucoup d’efforts pour préparer une plate-forme assez grande pour que je puisse étirer mon arc aisément, et pour que le caméraman qui m’accompagnait puisse capter la scène avec succès en étant installé juste derrière moi.
Le premier soir de chasse se déroula dans la tranquillité. Un petit ours se présenta à l’appât ; nous l’avons observé, mais je décidai de le laisser aller, vu sa grosseur et le temps que nous avions encore devant nous. Mais pendant ce temps, un nouveau scénario se dessina dans ma tête. J’avais localisé les différents endroits d’où les ours pouvaient arriver, et je proposai alors à l’équipe un autre plan de match, au grand dam du guide. Je chasserais au sol, assise sur une chaise ! Je me fis alors un petit écran avec quelques branches de sapin, en tenant compte des sentiers d’ours tout autour de moi, et du vent. Ce qui fut fait. Tout se déroula avec succès. Un ours arriva dans un des sentiers repérés. J’avoue qu’étant placée à sept mètres des appâts, j’ai retenu un peu mon souffle lorsqu’il est apparu… C’était la première fois que je chassais au sol, et d’aussi près ! J’ai pu étirer mon arc lorsque l’ours détourna son attention, et malgré mon cœur qui battait la chamade, la flèche alla se loger dans la zone vitale.
Je me suis ensuite simplement tournée vers le caméraman qui était resté sur la plate-forme, lui offrant un sourire de fierté ! Il a pu filmer le tout en hauteur, ce qui offrit une belle perspective, car il eut sur la même image, la chasseuse et l’ours.
Le guide me félicita, et tout en riant, en profita pour me préciser les nombreuses heures de travail que la fameuse plate-forme lui avait demandées, alors que je n’en avais pas profité ! Encore aujourd’hui, nous nous remémorons ce beau souvenir à l’occasion, car il est devenu mon conjoint…
Rédigé par Corinne GariépyCe lien s'ouvrira dans une nouvelle fenêtre
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